L'histoire du safran et de ses utilisations remonte à plus de 4 000 ans. Utilisé dans différentes cultures et civilisations, le safran, connu en botanique sous le nom de Crocus sativus, est une plante vivace à floraison automnale dont les stigmates sont extraits pour produire l'épice précieuse. Considéré aujourd’hui comme l'une des épices les plus chères au monde, le safran possède une histoire fascinante dont nous allons vous partager les différents aspects tout au long de cet article.
Quelles sont les origines géographiques du Safran ?
Bien que l'origine exacte du safran demeure incertaine, il est généralement admis qu'il provient principalement de l'Iran, l'ancienne Perse. En parallèle, des indices archéologiques suggèrent que la Grèce et la Mésopotamie pourraient également être des régions d'origine possibles. Selon une ancienne légende perse, vers 500 avant J.-C., le roi Darius aurait obtenu du safran de Qāen (actuelle province du Khorasan du Sud, Iran) pour lui et ses compagnons. Outre son usage en cuisine et en médecine, le safran servait à teindre tissus, chaussures et robes somptueuses. Conscients de ses propriétés exceptionnelles, les Perses ont planté du safran au Cachemire après leur conquête, répandant ainsi sa culture et son utilisation vers le sous-continent indien.
Les premières cultures de safran dérivent probablement du Crocus Cartwrightianus, un crocus sauvage que les humains ont domestiqué en sélectionnant des spécimens aux stigmates exceptionnellement longs. Cette sélection a donné naissance au Crocus sativus, le crocus safrané que nous connaissons aujourd'hui.
Quelle est l’etymologie du mot Safran ?
La définition du mot safran se trouve directement dans son étymologie à travers ses origines Perse et le terme « Zar-paran » : ce nom ancien est profondément enraciné dans la langue et la culture persanes, où "Zar" signifie "or" et "Par" signifie "fleur". "Zar-paran" se traduit littéralement par "fleur d'or", une référence aux stigmates dorés du Crocus sativus et à la valeur inestimable de l'épice qu'ils produisent.
Au fil du temps, le terme "Zar-paran" a évolué pour devenir "safran" en passant par les langues arabes et latines, tout en conservant sa connotation de rareté et de valeur. Aujourd’hui, il est commun de l’entendre sous la dénomination « d’or rouge » notamment par rapport à sa valeur économique.
L’histoire du safran à travers les civilisations
Le safran est connu plus précisément depuis 3 000 ans par de nombreuses nations. Il était apprécié non seulement comme condiment culinaire, mais aussi comme colorant, parfum et surtout plante médicinale. Ses utilisations médicinales allaient du traitement des problèmes oculaires à celui des maladies génito-urinaires et de nombreuses autres dans diverses cultures. Il était également utilisé comme agent tonique et antidépresseur dans de nombreuses cultures.
L’iran : le pays du Safran en Moyen Orient
L'Iran est considéré comme le berceau du safran, mais plus largement, on peut en retracer l'utilisation à des fins médicinales dans tout le Moyen-Orient. Les données historiques montrent que le safran était utilisé comme médicament dans le Croissant fertile, entre le Tigre et l'Euphrate, où est apparue la première civilisation complète connue. Leur « Materia Medica » comprenait des substances issues des règnes animal, végétal et minéral, dont le safran. Plus tard, les Assyriens et les Babyloniens (2ème millénaire avant J.-C.) ont utilisé le safran pour traiter divers maux comme la dyspnée, les problèmes de tête et les menstruations. La première documentation sur l'utilisation médicale du safran a été trouvée dans la bibliothèque d'Assurbanipal (668-627 av. J.-C.), avec des inscriptions datant du 12e siècle av. J.-C.
L’Egypte ancienne : parfum et rituels
Dans l'Égypte ancienne (3100 av. J.-C. - 476 apr. J.-C.), l'une des principales utilisations du safran était la médecine, mentionnée dans le papyrus Ebers. Il était employé dans le traitement des troubles de l'œil, des menstruations et du système urinaire, ainsi que pour provoquer le travail (Sigerist ; Tolner 2005 ; Tolner 2005). On dit que Cléopâtre se baignait dans du lait et du safran. Elle appréciait les propriétés colorantes et cosmétiques du safran qu'elle utilisait dans ses bains pour en accroitre les bienfaits.
Les origines du safran dans la Grèce antique
Le safran était un remède largement utilisé dans la Grèce antique. Des médecins renommés comme Hippocrate (5e-4e siècle av. J.-C.), Erasistratus (4e-3e siècle av. J.-C.), Diokles (3e siècle av. J.-C.) et Dioscoride (1er siècle ap. J.-C.) le prescrivaient pour diverses affections, telles que les maladies oculaires, les maux d'oreille et de dents, ainsi que les ulcères. L'épice était notamment reconnue pour ses propriétés styptiques et apaisantes.
L’histoire du Safran dans l’empire Romain
Chez les Romains, le safran avait aussi des usages médicinaux variés. Il était employé pour rafraîchir la peau, soulager le foie, traiter la toux et les inflammations oculaires. Les Romains appréciaient également le safran pour ses propriétés anti-inflammatoires et ses bienfaits pour la santé.
Le cachemire Indien : l’un des meilleurs safrans
Selon une légende bouddhiste, le safran a été planté pour la première fois au Cachemire au 5ᵉ siècle avant J.-C. Depuis, cette région est renommée pour la qualité exceptionnelle de son safran, utilisé non seulement en cuisine, mais aussi dans la médecine traditionnelle et ayurvédique. Le safran du Cachemire est particulièrement prisé pour ses propriétés thérapeutiques et son arôme unique, ce qui en fait l'un des meilleurs et des plus recherchés au monde.
Les origines de son utilisation en Chine
L'utilisation du safran en Chine remonte au moins au IIIe siècle avant J.-C. Dans la médecine traditionnelle chinoise (MTC), le safran était prisé pour ses multiples bienfaits, notamment cardiovasculaires, immunitaires et anti-inflammatoires. Il était utilisé pour traiter les affections respiratoires, protéger le cerveau et améliorer la circulation sanguine. Le safran joue toujours un rôle important dans la MTC, même moderne, où il est employé pour traiter des maladies métaboliques, l'anémie et le stress, et pour prévenir l'artériosclérose, améliorant ainsi la santé vasculaire globale.
Qu’en est-il de la culture du Safran aujourd’hui ?
Aujourd'hui, l'Iran est le principal fournisseur mondial, produisant 90 à 95 % du safran, principalement dans les provinces du Khorasan du Sud et de Razavi Khorasan. L'Afghanistan a également repris la culture du safran avec un produit de haute qualité.
Malgré des tentatives en Europe, la culture y reste limitée. Des micro-cultures existent dans des pays comme la Tasmanie, la Chine, et la Nouvelle-Zélande, tout comme d’autres régions productrices y compris la Grèce, l'Italie, l'Espagne, le Cachemire et le Maroc.
En France, il est cultivé dans peu de région (Quercy, Gâtinais) et la production, bien souvent de haute qualité, reste principalement artisanale. La relance de cette culture s'y inscrit davantage dans une démarche de valorisation du patrimoine agricole local. Il est passionnant de voir que chaque culture, chaque civilisation a utilisé le Safran, notamment dans sa médecine traditionnelle, et ce, à travers les âges.
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